Une nuit agitée!

:( Ca se passait dans le Golfe Persique , au large d'Abu Dhabi à la frontière maritime avec l'Iran .
La journée et même la nuit précédente avait été longue et rude et c'est du sommeil du juste que je me livrais à mon activité favorite lorsque j'étais au boulot : dormir !
Après 24H00 accroché aux manettes par 45°C et 95% d'humidité, les bottes remplies du liquide transpiration, on aspire à une pause. Ceux qui connaissent le Golfe Persique vous le confirmeront.
J'avais pris une bonne douche et je m'étais bien récuré afin d'évacuer les odeurs de graisse et de gas oil que l'on accumule durant ces opérations de traitement de puits.
Le bruit de fond inhérent à ce genre d'endroit me rassurait , il me permettait la décontraction la plus complète et l'abandon le plus total pour un repos bien mérité.
On entendait en sourdine, le ronronnement des Caterpillars qui alimentaient la plate-forme en électricité . Le choc de la ferraille dans le derrick ponctuait de façon régulière la remontée de l'outil de fond. Le couinement du frein du treuil idem.
Dans tous les métiers, le bruit revêt une importance capitale et permet de savoir si tout se passe bien ou si des problèmes commencent à apparaître.
La marin sera attentif au bruit du moteur ou bien des chocs des vagues sur la coque. Le foreur, lui , c'est la régularité du bruit . Si ça couine ou ça cogne, alors il faut se préparer à changer de tactique avent d'avoir le train de tige coincé au fond !
La clim' était bien réglé et , étant sur un Jack Up, il n'y avait aucun mouvement d'aucune sorte , sinon, les vibrations du treuil au démarrage qui peinait à décoller  le train de tiges du fond du trou. Rien que de très normal. Les draps étaient propres, le rapport était fait. Donc : les 3 R = rideau , relax et ronflette! Bref que du bonheur !
Je dormais profondément depuis deux heures. Il était 3 heures du matin , quand, un BANG !  équivalent à une explosion et qui ébranla toute la structure de la plate-forme me propulsa hors de ma bannette.
Le palpitant qui voulait sortir de la cage  et moi déjà dans la coursive à moitié à poil !
Croyant avoir été victime d'un attentat de la part des Iraniens qui contestaient les limites de la frontière comme c'est généralement le cas dans ces endroits  là. Je me précipitais dehors afin de sauter dans un canot de sauvetage avant qu'ils ne le larguent sans moi ! Au diable la pudeur et tant pis pour les envieux !
C'est en sortant avec une serviette de bains autour des reins que je vis la plupart des expatrié faire comme moi, mais qu'en approchant du canot , un « roustabout »* nous rassura.
Il n'y avait aucun danger. On pouvait retourner se coucher.
Le supply de ravitaillement (pléonasme) était amarré à la plate-forme par son arrière , sous le vent et le courant le poussant , afin de laisser une tension sur les bouts et ainsi se tenir éloigner des pieds du Jack Up.
Il n'est pas rare qu'un supply reste amarré plusieurs heures , afin de décharger le ciment ou autre matériaux nnécessaires au fonctionnement de la plate-forme.
Dans ces cas là, le Skipper laisse un Philippin ( en général c'est un Philippin) en vigie à la timonerie et retourne  travailler ou étudier dans sa cabine. Généralement , le dernier Play-boy ou un polar de mille pages comme seuls , savent en écrire les Ricains.
Bref , petite vie tranquille par mer calme et ciel étoilé. La houle berçant tendrement le marin et l’entraînant dans ses rêves les plus doux. Car le marin est bucolique la nuit lorsque la lune se mire dans la mer moirée. Le marin rêve qu'il pourrait être à terre et se lever toutes les minettes qui l'attendent ! Mais quand il arrive ….............elles sont parties !
Ce qu'il faut savoir, c'est que sur un champs pétrolier, il est interdit de larguer une ancre  pour s'assurer . Ceci pour éviter qu'elle ne croche dans un pipe line et occasionne les terribles dégâts que l'on imagine.
Seulement voilà. Quand la nuit est belle et que la bière du bord commence à faire son effet: on s'endort tout naturellement. L'alcool est interdit à bord des navires US. Mais les buses aussi ! Et pourtant il y en a autant que sur les nôtres!
Tout le monde roupillait à bord. Même le Philippin qui était censé surveiller que tout allait bien.
A mon avis il n'a pas du tarder à recevoir son billet d'avion de retour . Tu vas voir !
Ce qu'il s'est passé. ….. Parce que tu dois commencer  à  te dire que c'est long . Et quand ça dépasse les dix lignes de lecture, tu fatigues tes yeux , jaunis par l’excès d'anis, rougis par le trop plein de pinard et bleuis par la dernière bourre que t'a refiler ta  pas tendre moitié quand t'es rentré bourré hier soir et que t'as encore voulu faire du jus de citron avec son canari! Je sais , t'as la vue basse ! Mais comme tu pisses pas haut de toutes façons, ça te permet de voir ce que tu fais et comme on ne te demandera pas de nettoyer le plafond de la chapelle Sixtine ou de travailler pour les pompiers ! Tu regardes les images de Closer et tu nous fais pas chier ! Je dis rien moi, quand tu nous fais tartir avec tes brèves de comptoirs ! Ce n'est pas parce que tu n'as rien à dire que je te coupe pas la parole.
Oui, je sais ! Même quand tu te tais tu dis des conneries ! Moi aussi !
Bref ! Dans la nuit avec la marée, le courant a tourné et le supply s'est gentiment enfiler sous la plate-forme. Et, quand le château était bien sous le plancher, une vague plus forte que les autres l'a projeté vers le haut.
BANG ! Te dis-je !
Tu aurais vu la gueule du haut de la timonerie !!!
Valait mieux pas avoir besoin de la radio, du radar et autres gadgets dont les marins raffolent pour se faciliter la vie.
Plat le haut du cockpit ! Comme la table de ta salle à manger  quand t'as fini l'apéro et que tu as foutu des miettes de pizza merdiques partout !
Le 'pitaine , il est monté en moins de temps qu'un éjaculateur précoce dans ton genre n'en met pour grimper ta bergère et il a repris le contrôle de la situation dans un nuage noir et rageur des Cat's , en avant toute.
Il est retourné sur Sharja (port maritime principal des Émirats à l'époque), mais il a du naviguer à vue, parce qu'en 1973, le GPS n'existait pas encore.

Roustabout :  manœuvre de pont ou pour faire  politiquement correct : employé avec gros potentiel en charge de l’environnement immédiat.

Formidable ! encore, encore ! Mon Kbionounet !

Salut Kbio :(

Belle histoire...vous etes donc rentres en decapotable?????

Amities

Cyril ou Hunier Volant....

Salut KBIO

En verve ce soir!

ray 35

:cheers: :cheers: kbio
Bubulle

Quelle belle histoire, on a l'impression d'y etre mais à mon avis il n'y a pas eu que le pinpin de quart qui a eu son sac le pitaine a du l'accompagner; Cela me rappelle une petite histoire ou un après midi au Nigéria une station syledis qui était sur une plateforme cesse d'émettre le chef de mission m'envoi avec un collègue voir ce qui se passe après avoir prévenu le personnel de quart sur la plateforme. Nous arrivons sur place on met un bout entre le zodiac et la la plate forme d'atterissage, je descends, mon collègue met en marche arrière lente pour rester en traction sur le bout et me voila parti dans les escaliers sous la plateforme pour aller voir notre fameux problème escaliers de bordel et dieu sait qu'ils sont raides. J'arrive dans la salle des cats pour constater que le mécanicien du bord avait coupé l'alimentation qui servait à recharger les batteries du syledis au moment ou je renclenche l'interrupteur j'entends beugler mon collègue dans le talky MARC.......MARC.........magne toi je suis dans la merde je redescends tous ces foutus escaliers pour constater que le nez du zodiac était passé sous la plateforme et qu'il avait éclaté ne laissant gonflé que les boudins latéraux nous sommes rentré à petite vitesse à bord de notre bateau qui était a peu près à 2 milles de la, les pieds dans l'eau et l'avant du zodiac qui faisait flop, flop, flop a chaque vague. J'ai appris quelques jours plus tard par mon collègue que lui aussi s'était laissé entrainer par une douce somnolence et que le moteur avait donc calé. Bien entendu nous nous sommes fait traité de cons par notre chef de mission lorsque nous sommes rentrés à bord.

seismic76

Imagine la tête du KBIO si l'antenne avait traversé le plancher et son matelas....
Ah bin, elle est raide, celle-là qu'il aurait dit !

Bonjour à tous

je me marre bien avec vos petites histoires, ce sont des histoires vécues par de vrais marins*

* je dis ça parce qu'il y en a un qui fait la pute en venant racoler chez nous, sous prétexte que chez lui il y a de vrais marins des noms, on veut des noms

:(

Bien entendu nous nous sommes fait traité de cons par notre chef de mission lorsque nous sommes rentrés à bord.

:cheers: :cheers: Je le vois pas vous décorer du mérite du travail! Sacrés seismiciens! Toujours l'art de s'amuser!

:cheers: :cheers: :cheers:

Bien entendu nous nous sommes fait traité de cons par notre chef de mission lorsque nous sommes rentrés à bord.

ah oui déjà à cette époque :cheers:

ce n'est donc pas dû à la vieillesse :cheers:

Il n'y a pas d'age pour se faire traité, et puis il avait un peu raison rentré à bord avec un bout de zodiac tout mou on avait vraiment l'air un peu ridicule, surtout lorsque je revois toutes ces faces hilares qui nous regardaient arriver.Cela à fait des gorges chaudes pendant longtemps.Le radeau de la méduse rentrant à bord :cheers:

seismic76

Des comme ça tu peux y aller, je les envoie a mon fils qui est en ecole pour etre OCQP, ça le passionne.

Ca me rappelle une histoire très courte racontée par le bosco, alors que je déjeunais avec lui au carré équipage.
Au fur et à mesure qu'il me racontait l'histoire, il pleurait de rire de plus en plus et les larmes ruisselaient vraiment. Du coup moi aussi !
Bref .. ça c'était passé il y a bien longtemps - on en rigole encore ! un soir de bordée entre matelots en escale.
Tout le monde picole, et il faut en ramener un qui tellement il titube qu'on croit qu'il est en mer. Les gars le couchent dans sa banette, et décident de ressortir pour finir la soirée . Mais à peine ont-ils quitté la coupée que l'un d'entre eux avise un canard esseulé.
En un tournemain le voilà discrètement glissé dans la cabine du fatigué, et tout le monde attend les évènements.
Au début rien ne se passe, mais les ronflements inquiètent le canard et donc : " koin ? "
- le marin : - mmmh ? à 4 h du mat'
- koin,koin, te dis-je !
- koin ? de se fracasser le cuir chevelu en sursautant : " Arrh ! un esstra terrestre !
- le canard : koinkoinkoin, koin koin !

Gros chambardement dans la carrée, dont la porte s'ouvre à la volée de laquelle le canard s'échappe !
Puis apparait le matelot, un peu sanguinolent, le T-shirt déchiré, de la fiente sur la tronche, comme il avait voulu l'attraper, le canard en a profité pour chier partout de frayeur !
Donc tout le monde pleure de rire sous la profusion d'insultes du gars qui termine sa nuit à faire le ménage !

:cheers:

le canard a eu beaucoup de chance, il est tombé sur un matelot, il aurait pû tomber sur un légionnaire :moo: :affraid: :pleur

Hello

tout mou on avait vraiment l'air un peu ridicule

Surtout de l'avant :cheers: :cheers:

J’adore vos histoires ! :cheers: